Je suis introverti... Et je ne me soigne pas !
Si vous lisez ces lignes, c’est peut-être que vous avez déjà eu cette sensation étrange de ne pas fonctionner comme les autres. D’avoir besoin de calme quand tout le monde évolue dans le bruit. De silence quand ça discute fort. D’espace intérieur quand les autres s’épanouissent dans le collectif.
Moi aussi, je me suis longtemps sentie “pas comme il faut”. Petite, j’étais discrète, rêveuse, toujours dans mon coin à observer. Et apparemment, ça posait problème. On me demandait de “participer davantage”, de “m’affirmer”. J’essayais. Vraiment. Mais au fond, j’aspirais juste à la tranquillité.
Il m’a fallu des années (et quelques bonnes lectures) pour poser un mot sur tout ça : l’introversion. Je suis introvertie, et ce mot m’a fait l’effet d’un grand soupir de soulagement.
Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de ça. De ce que c’est, l’introversion. De ce que ce n’est pas. Et surtout, de pourquoi c’est une manière d’être à part entière,, qu’on ferait bien de cesser de vouloir “corriger”.
Je suis introvertie, mais je ne l’ai pas toujours su
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été une petite fille calme. On me qualifiait souvent de « timide », un mot que je n’aimais pas beaucoup, mais que j’ai fini par intégrer comme une sorte d’étiquette. En classe, je ne levais jamais la main. Et sur mes bulletins, c’était inévitable : « Élève sérieuse, mais manque de participation. Dommage. »
Alors, à force, j’ai cru que c’était un défaut. Que si je n’aimais pas les discussions de groupe, les grands repas de famille ou les fêtes bruyantes, c’est que j’étais « à côté de la plaque ». Je me comparais. Je culpabilisais. Je me forçais parfois, mais au fond, j’en ressortais souvent vidée.
Ce que je ne savais pas, c’est que ce fonctionnement avait un nom. Et que je n’étais pas seule.
Quand j’ai découvert le concept d’introversion — bien plus tard, à l’âge adulte — ça a mis beaucoup de choses en lumière. Ce n’était pas de la timidité, ni une anomalie : c’était un mode de fonctionnement intérieur, qui fait simplement appel à d’autres ressources, d’autres besoins, un autre rythme.
Et comprendre ça m’a permis, peu à peu, de me réconcilier avec qui j’étais. Aujourd’hui, je suis introvertie et je l’assume pleinement !
Mais alors, c’est quoi exactement, l’introversion ?
L’introversion, ce n’est pas juste « être réservé » ou « ne pas aimer parler en public ». C’est avant tout une manière de fonctionner, une manière d’interagir avec le monde et de recharger son énergie.
Les personnes introverties ont un monde intérieur très riche : elles réfléchissent beaucoup, ressentent intensément, observent avant d’agir. Là où un extraverti va se ressourcer dans le contact social, un introverti recharge ses batteries dans le calme, la solitude ou des interactions profondes mais limitées.
Susan Cain, autrice du livre La force des discrets, explique que l’introversion n’est pas un handicap social, mais une force souvent mal comprise dans une société qui valorise l’extraversion : prise de parole, leadership expressif, sociabilité constante.
L’introversion, c’est préférer la qualité à la quantité, dans les relations comme dans les stimulations. C’est pouvoir passer une journée seul sans ressentir la solitude. C’est penser avant de parler. C’est observer longtemps avant d’agir. Et ce n’est ni mieux, ni moins bien : c’est juste différent.
Le vrai problème, ce n’est pas d’être introverti. C’est de vivre dans un monde qui ne vous a peut-être jamais expliqué que ce trait de personnalité était totalement normal.
Ce que les introvertis vivent… quand ils ne respectent pas leur fonctionnement
Quand on est introverti, mais qu’on l’ignore — ou qu’on essaie de vivre « à l’envers » pour coller aux attentes — on finit souvent… épuisé. Fatigué émotionnellement, cognitivement, physiquement.
C’est ce qui m’est arrivé, pendant des années. Je me forçais à sortir, à parler plus fort, à être toujours disponible, à dire oui à des événements qui me vidaient. Et je me demandais pourquoi je me sentais si fatiguée ou en décalage. En réalité, j’étais juste déconnectée de mes besoins profonds.
Les introvertis peuvent souffrir de :
- surcharge sensorielle (trop de bruit, de sollicitations…),
- fatigue sociale (trop d’interactions sans pause),
- sentiment de décalage,
- culpabilité d’avoir « besoin d’être seul ».
À force de ne pas écouter ce besoin de calme, on peut finir par développer de l’anxiété, des troubles du sommeil ou une vraie perte d’élan vital. C’est d’ailleurs dans ces moments-là qu’on peut se demander : pourquoi je me sens mal alors que tout va bien ?
Quand on est une personne introvertie, ce n’est pas qu’on n’aime pas les gens. C’est qu’on les aime… mais à notre façon (et à petite dose !). Et que cette façon-là mérite d’être entendue, respectée, et même revendiquée.
Ce qu’est vraiment l’introversion (et ce qu’elle n’est pas)
L’introversion n’est pas forcément associée à de la timidité. Ce n’est pas un manque de confiance en soi. Ce n’est pas être asocial ou replié sur soi. Ce n’est pas un défaut.
L’introversion, c’est un mode de fonctionnement cognitif et émotionnel. Comme l’a très bien expliqué Susan Cain dans La force des discrets, c’est un tempérament. Les introvertis puisent leur énergie dans la solitude et l’intériorité. Contrairement aux extravertis, qui se ressourcent dans les interactions sociales et la stimulation extérieure, les introvertis ont besoin de temps seuls pour recharger leurs batteries.
Ils ont souvent :
- un monde intérieur riche,
- une préférence pour les échanges profonds plutôt que les conversations de surface,
- une écoute attentive,
- une forte capacité d’observation,
- un goût pour la réflexion avant l’action.
Ce ne sont pas des personnes « froides » ou « distantes », mais des personnalités qui aiment les liens sincères, les ambiances douces, les rythmes calmes.
Le souci, c’est que dans une société qui valorise la performance, la visibilité, le collectif, l’introversion est parfois perçue comme un défaut. Alors qu’en réalité, c’est une force silencieuse — un terreau précieux pour la créativité et l’empathie.
Ce dont les introvertis peuvent souffrir (quand leurs besoins ne sont pas respectés)
Être introverti·e n’a rien d’un problème… sauf quand on tente de vivre comme un·e extraverti·e. Et c’est malheureusement ce que beaucoup d’entre nous font, souvent sans s’en rendre compte.
L’école, les open spaces, les injonctions à “se bouger”, “se montrer”, “réseauter”, “sortir de sa zone de confort” sont des environnements ou des discours souvent pensés pour des profils extravertis. Résultat : les introvertis finissent par se suradapter. Ils sourient, font la conversation, participent aux réunions, acceptent les invitations… puis s’effondrent le soir, vidés.
Car l’un des besoins fondamentaux de l’introverti·e, c’est le calme. Le silence. Les temps seuls. Pour ce type de profil, c’est une forme de recharge mentale. Quand ce besoin n’est pas respecté, c’est toute l’écologie interne qui se dérègle : fatigue chronique, irritabilité, impression de ne jamais “avoir assez d’énergie” pour tenir une semaine.
Et parfois, la culpabilité s’ajoute à ça : “je devrais avoir envie de voir du monde”, “je suis trop asocial·e”, “je suis fade”. Mais non : vous êtes juste différent·e. Et il n’y a pas à changer !
La clé, c’est donc d’apprendre à écouter ses limites, et à cesser de se forcer à faire comme si l’on était quelqu’un d’autre.
D’ailleurs, si vous vous posiez la question : « pourquoi aller voir un psychologue ? » ; apprendre à comprendre et à accepter son introversion peut faire pleinement partie des objectifs thérapeutiques !
Mieux comprendre l’introversion (et pourquoi ce n’est pas un défaut)
Le jour où j’ai découvert le mot introversion, tout a pris un autre sens. Ce n’était pas juste un trait de caractère un peu gênant, ou une bizarrerie à corriger : c’était un fonctionnement psychologique reconnu.
La psychologue Carl Jung a été l’un des premiers à théoriser la différence entre introvertis et extravertis. Pour lui, l’introversion n’est pas de la timidité, mais une manière d’orienter son énergie vers l’intérieur : les pensées, les sensations, l’imaginaire. À l’inverse, l’extraverti va chercher l’énergie dans le monde extérieur, par l’interaction, l’action, la stimulation.
L’autrice américaine Susan Cain a ensuite largement contribué à redonner ses lettres de noblesse à l’introversion, notamment avec son livre La force des discrets. Elle y rappelle que les introvertis sont souvent de très bons observateurs, des penseurs profonds, des créatifs sensibles. Et surtout, qu’il n’y a pas un bon ou un mauvais tempérament, juste des environnements plus ou moins adaptés.
Être introverti, ce n’est pas avoir “moins de personnalité”. C’est avoir une vie intérieure riche, un rythme propre, des besoins spécifiques. Quand on les comprend et qu’on les honore, on ne se sent plus “trop peu”, on se sent juste soi.
Je suis introverti : une manière de se redécouvrir
Quand on comprend enfin qu’on est introverti·e — et qu’on comprend nos besoins associés—, quelque chose s‘apaise à l’intérieur. C’est comme si, après des années à se battre contre soi-même, on recevait l’autorisation d’être… exactement comme on est. Pour moi, cette découverte a été un tournant. J’ai arrêté de me forcer à être “plus sociable”, “plus dynamique”, “plus fun”. J’ai compris que ce qui me nourrit vraiment, ce sont les relations profondes, les conversations à deux, les projets en autonomie, le temps passé à créer, à réfléchir, à ressentir.
Et surtout, j’ai commencé à voir mon introversion non plus comme un handicap, mais comme une force. Ma capacité d’écoute, ma sensibilité fine aux ambiances, ma créativité intérieure, mon besoin de sens dans les échanges : tout cela est directement lié à ce fonctionnement-là.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, je crois, si j’ai choisi d’être psychologue. C’est un métier dans lequel j’ai la chance d’échanger de manière profonde et sincère, dans des interactions à deux, dans un cadre calme et propice à l’introspection. Ma seule limite, c’est mon énergie : je suis introvertie, et je ne suis pas de celles qui peuvent faire des consultations “à la chaîne”. 4 à 5 consultations par jour sont pour moi un rythme idéal, et le rythme que je peux tenir sans m’épuiser dans la durée.
Alors non, être introverti·e ne veut pas dire être timide, froid·e ou renfermé·e. Cela signifie simplement qu’on tire son énergie du dedans. Et que c’est en respectant ce mouvement-là qu’on peut pleinement s’épanouir.
Je suis Claire, psychologue à Troyes (et introvertie !). Si vous êtes vous aussi une personne introvertie, je vous accompagnerais avec plaisir dans votre cheminement intérieur. Contactez-moi et parlons-en.